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17 juillet 2018 2 17 /07 /juillet /2018 14:24

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Ça a débuté comme ça
On lui a dit de suivre la route
 
Il se revoit au Carnaval, Arlequin joyeux tout à la fête, la musique, les rires, les volutes de barbes à papa, des cacahuètes dans les poches. Quand la main gantée d'un Scaramouche l'y a propulsé, le manège s'est mis à tourner de plus en plus vite. les visages puis des masques défilaient en accéléré, images infernales de fête grotesque, Capitan cyniques et Matamores hilares, satisfaits de leur farce. Beaucoup furent éjectés brutalement sur l'asphalte rugueuse et lorsqu'il ne resta plus que lui, on arrêta le manège.
 
Un mort gisait sur le sol.
 
Un polichinelle dramatique le désigna du doigt, on l'emmena et on lui dit de suivre la route.
 
Depuis il suit sur la route.
 
Il en serait ainsi désormais, une longue route droite et sombre au milieu du néant entre deux lignes de craies livides sous un ciel de souffre et d'encre violette.
 
Suivre la route.
 
Sans port, sans refuge, sans soif étanchée.
 
Des rêves hallucinants lui font croire qu'au bout, il trouvera la mer.
 
Il sent le sable souple sous ses pieds, hume l'air marin enivrant chargé de sel et d'iode salvatrice, il frissonne sous la caresse des algues venues irriguer d' un sang régénéré ses muscles et ses os épuisés. Puis il se tourne et escalade le départ d'un sentier ancien, tracé depuis des temps immémoriaux par le passage des bergers et des bêtes, entre les cistes et les arbousiers. L'ascension est rude, jonchée de pierres instables, de précipices et de roches équarries de soleil blanc.
 
Au détour d'un roc imposant, la rivière douce et fraîche apparaît en contrebas. Il écoute le rire d'un enfant sortant de l'eau, tout perlé de gouttes scintillantes. Il le voit tendre les bras vers sa mère. Il s'approche un peu, les appelle. Il est trop loin, ni l'enfant ni la femme ne peuvent l'entendre.
 
Hurlements de sirènes, gyrophares:  son pied a frôlé la ligne blanche. Les images s'estompent.
 
Suivre la route. Toujours.
 
 
Le blog d'Almanito
17 juillet 2018 2 17 /07 /juillet /2018 06:17

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

On se ment toujours. A soi d’abord, entre soi ensuite, car quel ami ne vous a pas trompé un jour en approuvant vos propos, alors qu’il  pensait juste l’inverse. Cet ami-là est un lâche, allez-vous me dire. Et vous, êtes-vous vraiment sincère en me répondant : moi j’aurais dit la vérité. Balpeau, aurait rétorqué San-An, mon écrivain préféré, qui lui, ne mâchait pas ses mots, mais les offrait tout crus à ses adversaires, amis  ou inconnus. Les mots crus, c’est comme les légumes avant la cuisson, il ne faut pas trop en abuser, ça finit par peser sur l’estomac. Servir la vérité en salade, la vengeance est un plat qui se mange froid, voilà des expressions qui en disent long sur nos attitudes humaines et qui méritent d’être entourés de plus chaleur et réchauffés au bois de nos sincérités et de nos franchises. Si nous nous en sentons le courage.
 

Ma mère m’a toujours menti. Elle disait qu’elle m’aimait, mais moi je sais que ce n’est pas vrai. Elle s’aimait juste à travers moi, j’étais pour elle une espèce de miroir qui reflétait ce qu’elle aurait voulu être et n’était pas. J’étais son faire-valoir, une sorte de récolteuse de compliments qu’elle ne manquait pas de s’attribuer au passage, surtout quand son interlocuteur lui disait : ah, votre fille, elle est polie, on voit que vous l’avez bien élevée ! Ou encore : Elle est bonne en maths ? C’est normal, avec une mère qui sait si bien compter ! Moi j’essayais de me persuader qu’elle m’aimait vraiment et à force de le croire, eh bien j’y suis presque arrivée.

Mon mari m’a toujours menti. Il disait qu’il m’aimait, mais il était surtout fier de ma personne, de la façon dont je m’habillais, de mon élégance et de l’indulgence de mon comportement envers ses amis et collègues. Je m’ennuyais souvent à mourir en leur compagnie, mais je ne le montrais pas, j’avais toujours le sourire au coin des lèvres,  l’habileté de leur faire croire qu’ils étaient des génies et que mon mari avait de la chance de les avoir pour amis. Je mentais à tous, et  moi en premier, mais la vie vous apprend à faire fi de vos états d’âme et à vous passer des éternels examens de conscience qui ne servent à rien.

Mes enfants m’ont menti parfois, pour me cacher leur vie ou protéger leurs secrets, ce que je comprends parfaitement. Je fis la même chose 20 ans plus tôt pour les mêmes raisons. Mais mes enfants, je les connais si bien que lorsqu’ils me faisaient leurs petits mensonges autrefois, je faisais mine de les croire, mais je n’en croyais pas un mot. Lorsqu’à l’adolescence, ma fille me disait : je vais faire mes devoirs chez Emilie, je savais bien qu’Emilie s’appelait Thierry ou Hervé, je répondais alors avec un petit sourire en coin pour lui prouver que je n’étais pas dupe : d’accord, mais tu rentres IMPÉRATIVEMENT à la maison pour dormir !  

On se ment toujours, la vie est un mensonge perpétuel. On voudrait être heureux, mais il y a toujours quelque chose qui vous en empêche. Il faudrait être Coué pour se répéter chaque jour, je crois au bonheur, je crois au bonheur…Peut-être est-ce lui qui a raison, après tout,  à force de  se le répéter, on finira bien un jour par y croire…

 

Le blog de Cloclo

16 juillet 2018 1 16 /07 /juillet /2018 13:29

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

« Trois morts, c’est exact » dit Danglard.

C’était bien ma veine que ce soit Danglard qui s’occupe de ces meurtres ! Lui seul était capable de me retrouver : quand je pars en vacances – en ce qui me concerne, les congés, c’est sacré ! – j’ai pour habitude d’effacer toute trace permettant d’identifier mon lieu de villégiature. Cette année, Vernot, un petit village de Bourgogne. Mais voilà, on n’est pas le premier flic de France pour rien, et Drangard n’avait pas seulement réussi à me localiser, mais il m’avait de plus convaincu de l’aider en filant pour lui la principale suspecte. Mais je dois reconnaître que le fait que les trois meurtres aient été commis dans un rayon de trente kilomètres autour de Vernot a pesé dans la balance et m’a décidé à accepter cette mission.

Et c’est ainsi que je me retrouve cet après-midi sur le quai de cette gare perdue au milieu des vignobles. Seul. Ou presque. Normal : tout le monde est devant son petit écran, à soutenir les Français contre les Croates. A part moi, il n’y a donc qu’ Angélique. Difficile, évidemment, de procéder à une filature discrète dans ces conditions. Impossible de me fondre dans la foule ! Je ne pouvais compter que sur mon physique, d’une banalité affligeante, sur mon embonpoint et sur mon âge. Je n’avais rien d’un inspecteur de police efficace, je ressemblais plutôt à un grand-père un peu perdu, qui n’a plus pris le train depuis longtemps, qui s’en va quelques jours à la capitale rejoindre son petit-fils, cadre dans une banque internationale. Voilà en tout cas l’histoire que je lui ai servie. Car il est inutile de finasser quand on n’est que deux sur un quai. La meilleure défense étant l’attaque (ce n’est pas Didier Deschamps qui me contredira), je m’étais immédiatement approché d’elle, lui demandant si c’était bien le train vers Dijon qui allait entrer en gare. Elle avait opiné de la tête, puis n’avait prêté qu’une opinion polie à mon histoire, ne cessant de regarder nerveusement sa montre. Espérant avoir ainsi endormi ses éventuels soupçons, j’étais allé m’asseoir à l’ombre en attendant le train.

Pour tromper mon ennui tout autant que par conscience professionnelle, je ne cessais de l’observer. Il faut avouer qu’il y a des spectacles plus désagréables : mignonne et court vêtue, rien à voir avec Bobonne. Mais ma femme, elle, pour autant que je le sache, n’a jamais tué personne ! Alors que Angélique, aussi incroyable que cela puisse paraître – on lui aurait donné le bon Dieu sans confession – est bel et bien suspectée de trois meurtres. Ce qui explique sans doute sa nervosité.

Mais voilà qu’au loin le train approche. Angélique semble avoir retrouvé un peu de sérénité. Elle attend maintenant calmement que le train s’arrête devant elle, ne semblant prêter guère d’attention au sac posé par terre derrière elle. Je ne puis attendre trop longtemps assis sur mon banc, au risque de devoir me ruer dans le train avant son départ : une telle précipitation ne cadrerait pas avec le personnage que je me suis choisi.

Bien m’en a pris : à peine suis-je debout que le train s’arrête devant nous dans un bruit de freins épouvantable. Et brusquement, les événements s’emballent. Au moment même où la portière s’ouvre, Angélique se retourne, saisit son sac, s’avance vers l’homme qui descend du train, lui tend le sac, l’embrasse peut-être mais je suis tellement surpris qu’il ne reste en moi qu’une impression fugitive de ce baiser, fait demi-tour et s’engouffre dans la gare au moment où l’homme est déjà remonté dans le train, le sac d’Angélique à la main.

Trente secondes. Pas une de plus ! C’est le temps que j’avais pour me décider. Que devais-je faire ? M’en aller moi aussi et suivre Angélique ? Ou bien suivre l’homme et monter dans le train ? Après quarante ans de carrière, on ne perd plus son temps à réfléchir, on agit à l’instinct. Une minute plus tard, assis sur la banquette en face de l’homme à qui Angélique a confié son sac, je sais que j’ai pris la bonne décision. Après l’histoire que je lui ai racontée, mon petit-fils qui m’attend à Paris, j’étais grillé. Je n’aurais rien trouvé de plausible à lui dire pour expliquer pourquoi je n’avais pas pris le train.

Derrière moi, un groupe de jeunes écoutent la radio, volume à fond. Je me fiche pas mal du foot, mais je suis content que la France est championne du monde. Ce n’est pas que je sois superstitieux, mais je trouve que c’est de bon augure pour mon enquête.

 

 

Le blog de Michel Quedeverbes

14 juillet 2018 6 14 /07 /juillet /2018 10:47

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Ça a débuté comme ça. Un rêve, un rêve idiot.

Au début, je n'y ai guère prêté attention : Un homme est assis seul dans une caverne. Il ne fait rien, juste il est assis. De dos. On ne voit pas son visage, à supposer qu'il en ait un.

-Pourquoi dites-vous :" à supposer qu'il en ait un", monsieur Bonbeck ?

Brodeck ! ! ! Eh bien, je ne vois pas son visage, mais c'est un homme, donc je suppose qu'il en a un.

C'est une question que je me pose, voyez-vous !

Il est légitime que je me pose cette question ! !

Rien n'oblige un homme seul dans une caverne, a fortiori dans un rêve, à montrer son visage, à AVOIR un visage ! ! !

- Vous avez raison, monsieur Brobeck, poursuivez, calmement, je vous prie.  Comment est habillé cet homme ? Comment voyez-vous la caverne ? vous rappelle-t-elle quelque chose ? Le rêve est une seconde vie, voyez-vous…

 

Brodeck ! ! !  Le type est habillé d'une cape avec capuche. Genre santon, mais gris. 

Je sais ce que vous pensez, Docteur, je vous entends penser.

Vous vous dites "où est la faux ? "Eh bien non il n'a pas de faux.

D'ailleurs j'aurais oublié ce rêve s'il ne revenait pas obstinément, nuit après nuit. Le type est toujours de dos. La plupart du temps, il est assis sur la gauche, mais parfois il est à droite, et cela me perturbe tellement que cela me réveille. Pourquoi change-t-il de place étant donné qu'il n'y a rien dans cette caverne, que du rocher gris ?

Rien à faire, rien à voir !

 

- En êtes-vous sûr, Monsieur Grobeck, rien sur les parois ?  Pas de mammouth ?

 

Brodeck ! ! !  B. R. O. D. E. C. K. ! ! !  C'est un monde, ça, que vous m'appeliez par tous les noms, sauf le mien. C'est quand même plus facile à prononcer que le vôtre, Docteur Ng.

Plus difficile à écrire, je vous l'accorde.

Très drôle, le mammouth.

Non il n'y a rien dans la caverne. Pourtant, une fois, il me semble avoir vu bouger quelque chose dans la pénombre. Bouger n'est pas le mot exact, on aurait cru que le sol frémissait, comme si le film était un peu abîmé à cet endroit, oui c'est ça, un grouillement invisible.

Invisible, mais perceptible. Peut être que le type doit changer de côté à cause de "ça".

 

- Vous dites toujours "le type". Comment savez-vous qu'il s'agit d'un homme ?

 

J'en sais fichtrement rien.

C'est un être.

Encore faudrait-il qu'il soit.

C'est peut-être un fantôme après tout, c'est bien un rêve, pourquoi pas un rêve de fantôme.

Parfois je ne suis pas sûr d'exister moi-même, et le reste du temps je m'insupporte. On ne sait rien de soi. On croit s'habituer à être soi, c'est le contraire.

Ne doutez-vous jamais de votre existence, Docteur Ng ? Existez-vous, Docteur Ng ? Je ne vous vois pas, vous êtes là derrière moi, comme un être sans visage qui serait assis seul dans une caverne, à poser des questions sans intérêt sur le rêve sans intérêt d'un type sans intérêt.

 

- Vous disiez que le sol grouille, Monsieur Drobeck ?

 

Brodeck, Docteur Ng ! Je m'appelle Brodeck, et je n'y suis pour rien !

 

 

Le blog d'Emma

13 juillet 2018 5 13 /07 /juillet /2018 15:15

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

- Ils étaient une vingtaine.

Combien exactement, Jeanne ne le sait pas. Une vingtaine, répète-t-elle en haussant les épaules puis après un silence elle précise : c’est beaucoup ! Ça a débuté comme ça, je cueillais des mûres au pied d’un talus et j’ai entendu des voix au bout du chemin et puis des aboiements. Forts, méchants, les aboiements.

Nouveau silence troublé par les toussotements de l’inspecteur Harry agacé par ce refroidissement qui l’enfièvre en pleine canicule.

 

- Les chiens couraient dans ma direction, j’étais tétanisée. Ils sont arrivés comme fous à mes côtés, ils me reniflaient, prêts à me mordre.

- Précisez, demande l’inspecteur.

- Préciser ! Préciser ! C’est clair, non ?

- Hum !

- Quand j’ai enfin ressenti la présence d’un homme j’ai dit sans me retourner : feriez bien de tenir vos chiens en laisse.

- Et qu’a répondu l’homme ?

- Pff ! Ce qu’ils disent tous : mon chien est gentil et une voix de femme a cru bon d’ajouter : il ne ferait pas de mal à une mouche. Moi, j’ai dit : la loi est la même pour tous, les chiens doivent être tenus en laisse.

Nouveaux toussotements suivis d’une longue inspiration sifflante.

- Feriez bien de vous soigner, monsieur le Commissaire !

- Inspecteur ! Je suis inspecteur ! Mais dites-moi ces chiens ils étaient une vingtaine ou n’y en avait-il qu’un seul ?

Jeanne se trémousse sur sa chaise, le regard trouble.

- L’homme a dit à la femme : si je la rencontre à nouveau je lui ordonne d’attaquer.

- Donc, il n’y avait qu’un chien !

- Commissaire, le rêve est une seconde vie… les cauchemars aussi.

La tête de l’inspecteur Harry, soutenue par ses deux mains, est cramoisie. Si en plus les témoins me sortent des énigmes, je vais m’écrouler, pense-t-il découragé.

- De la tisane de thym, inspecteur, il n’y a rien de tel !

- Commi… hum, vous m'embrouillez ! Thym, rêve, cauchemar, c’est bien beau tout cela mais j’ai deux morts sur les bras, moi !

- Trois morts, c’est exact !

- Trois ? L’homme et la femme, le crâne défoncé et retrouvés noyés dans le ruisseau, si, malgré la fièvre, je compte bien, cela fait exactement deux morts... Mais le chien, qu’est-il devenu ?

Longs toussotements.

Silence.

Jeanne, toujours assise sur la chaise, semble transformée en statue. Elle poursuit pourtant un monologue intérieur.

« Le rêve est une seconde vie. Comment me serais-je dépêtrée de mes cauchemars sans lui ? Ils n’avaient qu’à maîtriser leur cabot. Les laisses c’est fait pour les chiens. Mordue, je l’ai été plus qu’un être humain ne peut le supporter… le camp, la faim, les ordres… les ordres à la vingtaine de chiens…attaque… m’attaquer, moi ? N’avait pas à se risquer à dire ces mots… plus jamais, je ne me laisserai attaquer… l’ont cherché ces gens et ce sale clebs aussi… la colère ça décuple la force, je le sais, elle m’a souvent sauvée… le chien je l’ai assommé alors qu’il s’apprêtait à rejoindre ses maîtres, ma canne au bout ferré n’a pas plus que moi pardonné. Lui, de rage, il a trébuché et sa tête a heurté une grosse pierre, elle penchée sur lui a été une proie facile... comment s’étaient-ils trouvés un jour sur mon chemin ? Je ne me suis pas posé la question, quelle importance… Le chien, je l’ai enterré dans le sous-bois, le couple traîné jusqu’au ruisseau pour qu’ils se purifient la bouche de leurs paroles... On ne sait rien de soi. On croit s’habituer à soi, c’est le contraire. A présent, je suis à égalité avec mes tortionnaires, jamais je n’aurais cru y parvenir un jour… »

L’inspecteur Harry contemple cette femme étrange. Son flair lui dit qu’il est vain de l’interroger plus longuement. Que pourrait-elle encore lui dire mis à part sa peur viscérale des chiens. Bah, comme tant d’autres…

- Je suivrai vos conseils, je prendrai une tisane de thym, promis, dit-il en serrant la main de Jeanne.

C’était oublier le rhume à présent bien installé et faussant tous ses repaires de fin limier.

 

 

Le blog de Mony

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 17:11

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

 

Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien

 

 

 

 

Je m'appelle[1] Brodeck
J'ai le coeur en Allemagne                                                                                                                    
Où je laisse mes souvenirs 
Je m'appelle Brodeck
J'ai le coeur en Allemagne
Où je laisse mes souvenirs 
Tous mes souvenirs 

 

[1] - clic

 

 

Le blog de Laura Vanel-Coytte

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 17:02

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipits - clic

Comment s'étaient-ils rencontrés?
Charles Baudelaire n’avait rencontré Gérard de Nerval que quelques fois mais ces rares rencontres avaient été mémorables par leur intensité. S’ils n’étaient pas amis, ils se respectaient et Baudelaire sentait que la littérature et au-delà le monde avait perdu un homme rare : Nerval avait traversé la porte d’ivoire qui sépare notre univers de celui du rêve. Ces derniers temps, Gérard semblait avoir acquis la maîtrise de ses sempiternels va-et-vient entre les deux mondes. Il avait fait une richesse de ce qui au départ était apparu à tous comme une maladie. Il avait été enfermé suite à ses délires et plusieurs fois, on avait cru qu’il resterait à jamais de l’autre côté. Mais la folie s’était muée en fantaisie et il allait mieux. Alors pourquoi cette pendaison que les journaux à scandale se plaisaient à afficher à leurs unes rendant cette perte encore plus insupportable ? Baudelaire ne comprenait pas pourquoi son collègue qui montrait  fièrement à tous ses amis sa dernière œuvre ; il l’emportait partout avec lui et elle paraissait lui avoir définitivement fermé les portes de l’asile de fous au nez. Bien-sûr, on lui avait raconté l’avoir vu se promener dans Paris avec un homard géant en laisse. Mais son propre esprit fantasque lui faisait voir ça comme une excentricité de bohême, bien loin du gibet qui désormais serait indissociable dans ses souvenirs de celle de Nerval. Le gibet n’était plus le paysage lugubre d’un de ses poèmes  mais le décor final d’un drame qu’il ne pouvait imaginer autrement que comme l’œuvre d’un assassin. On avait tué Gérard ! Pourquoi ? Qui ? Son esprit nourri d’Edgar Allan Poe (qu’il avait traduit) lui faisait voir des complots dans les relations de Nerval avec la Bohême Galante et le Petit Cénacle. Même Victor Hugo, leur illustre aîné lui paraissait suspect. On avait voulu tuer  dans l’œuf le génie incompris qu’était ce bon Gérard. Les journaux qui le payaient si mal de son talent avaient ourdi ce complot. Les hypothèses excitaient son âme sombre. La Rue de la Vieille Lanterne se changeait en « Rue Morgue » et il se voyait  bien en victime du deuxième assassinat de cette rue célèbre. N’était –il pas menacé lui aussi par la jalousie de ses prétendus amis qui l’avaient livré  à la justice pour son chef d’œuvre fleuri de l’Enfer ? Ses pensées sombres avaient guidé les pas du poète maudit vers la rue où pendait encore Nerval ce matin. Alors qu’il s’arrêtait pour se recueillir et réfléchir encore aux causes et aux coupables de cette mort incompréhensible, il vit une ombre se profiler derrière l’escalier lugubre. Le guettait-on ? En entendant des pas, il s’enfuit laissant à tout jamais le fantôme du bon Gérard errer aux abords du Châtelet.

 

 

Le blog de Laura Vanel-Coytte

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 16:52

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Ça a débuté comme ça
 

Au début, il y eut un lecteur de Rousseau et une dessinatrice
Ils s’aimèrent et eurent trois enfants : deux artistes et une poète
Mon premier poème, à sept ans a été publié dans le journal de l’école
Depuis j’ai lu, j’ai dessiné, j’ai aimé et j’ai écrit des poèmes
 
J’ai lu des contes, des documentaires, j’ai voulu être archéologue
J’ai  lu des enquêtes dans la bibliothèque verte et j’ai continué en adulte
J’ai lu de l’eau de rose mais j’ai vite préféré la littérature érotique
J’ai lu des poèmes, des essais, des essais de poésie et de peinture
 
J’ai dessiné comme on dessine à l’enfance : des couleurs et des hachures
Ma mère pour illustrer les récitations apprises dans la liesse
J’ai exercé ma créativité au lycée : abstraction et encre de chine
Je me risque aujourd’hui à copier et à réapprendre les bases
 
J’ai aimé follement et passionnément ma petite famille
J’ai cherché à être parfaite, sainte, sage pour leur plaire
Mais comme la reconnaissance tardait à venir, j’ai pris la tangente
Vers les hommes qui me trouvaient souvent à leur goût d’homme
 
J’ai écrit des poèmes pour dire  mon amour à mes  proches
Comme les Romantiques, j’ai crié mon amour sans réciproque
Puis j’ai dit le plaisir qui se prend sans demander son reste
Et j’ai parlé de ce que j’aime et qui me le rend au centuple
 
Au début, il y eut un lecteur de Rousseau et une dessinatrice
Au début, j’ai lu Rousseau en dessinant des cœurs d’amour triste
Au début, j’ai  écrit des poèmes qui disaient mon amour au monde
 
Au début, j’ai été ce que je suis devenue : une poétesse dans sa ronde

 

 

Le blog de Laura Vanel-Coytte
 

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 15:53

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Henri jeta un dernier regard sur le ciel : un cristal noir
Un paysage qui donnait envie de s'attarder sur l'accoudoir
Et même de s'incliner vite vers le sol et  l'agenouilloir
C'était un paysage qu'on n'avait pas juste envie d'apercevoir
Il fallait qu'il dise bonsoir 
Et qu'il aille s'asseoir
Cette "Harmonie du soir[1]"
Méritait un reposoir
Une tenue légère, un peignoir
Il manquait un encensoir
Pour ce cristal noir

 [1] clic

 

Le blog de Laura Vanel-Coytte
 

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 15:36

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

On ne sait rien de soi. On croit s'habituer à être soi, c'est le contraire.
Je suis l’autre
De l’enfer des poètes mal-connus, j’entends parler de cet autre poète maudit  mais très connu qui aurait dit “Je est un autre”.
Moi, « Je suis l’autre » qui a dit qu’il était l’autre. Sous un portrait de moi fait par le grand Nadar, j’ai écrit de ma main ma propre sentence.
Car si je suis le papillon, « fleur sans tige qui voltige *» de ses mille couleurs  au-dessus de Sainte-Pélagie où j’ai croupi.
Je suis aussi l’autre, ce  phalène, sombre hôte de la nuit** qui planera sur la rue la Vieille-Lanterne.
Car si je suis le double vainqueur de l’Achéron, je suis aussi « le ténébreux,-le veuf,-l’inconsolé*** .»
Je suis l’auteur des « Odelettes » qui remplissent de leur airs joyeux « l’allée du Luxembourg » mais je suis aussi celui du « Christ aux Oliviers »  qui comme celui de Jean-Paul s’écrie :
« Dieu est mort ! le ciel est vide…
Pleurez !enfants, vous n’avez plus de père. »
Je suis la « Fantaisie » d’une femme à sa haute fenêtre qui danse sur un air de Rossini.
Je suis aussi le père  mélancolique des « Filles du feu » qui erre dans Mortefontaine à la recherche de sa mère perdue dans la froide Allemagne.
Je suis le génial traducteur de Faust mais je suis aussi le pisse-copie qui court tous les spectacles pour s’acheter un manteau qui me manquera tant pendant ma nuit noire et blanche.
Je suis l’égal d’Heine mais je suis aussi celui que certains prétendus amis enfermeront dans la folie en mots avant d’aller me sourire à l’asile.
Je suis l’autre qui m’entraîne et vous avec moi, dans le sillage de ses rêves d’alchimiste illuminé.

 
*Nerval, « Les papillons»
**adaptation du même poème.
***El Desdichado

 

 

Le blog de Laura Vanel-Coytte

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 15:18

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Le rêve est une seconde vie. Tout a commencé avec une lettre que j’ai envoyé à mon écrivain préféré, Gérard de Nerval (mort en 1855). Je vous en livre une partie :
« Cette lettre va certainement vous paraître très audacieuse mais c’est l’admiration et l’indignation qui me motivent ; admiration pour toute votre œuvre que je lis avec plaisir et étudie depuis plusieurs années ; indignation parce que c’est cette année le bicentenaire de votre naissance et presque personne ne parle de vous. Pourtant, Dieu sait que vous le méritez au moins autant que certains à qui on consacre des commémorations grandioses !...                                                                   

Il m’est venu une idée pour fêter dignement cet événement : partir sur vos traces comme je l’ai déjà fait seule … mais cette fois-ci… avec vous. Et bien que je n’aie pas votre talent, je ferais un livre de ce pélerinage.                                                                                                                                                          Nous pourrions nous donner rendez-vous au 168 rue Saint-Martin à Paris. »
 

A ma grande surprise, il a accepté de me rencontrer… à l’endroit que j’avais choisi et m’a offert  un apéritif dans l’appartement de son enfance.                                                                                               
Nous sommes allés au Louvre voir le « Souvenir de Mortefontaine » de Monsieur Corot et comparer nos propres souvenirs sur place dans le Valois. Nous avons emmené avec nous Camille Rougier pour qu’il nous dessine dans le paysage de votre jeunesse. Nous avons lu  ensemble « Faust », Hoffman et puis encore Goethe.   
Il m’a tout expliqué avec patience.
Le soir, nous avons retrouvé au Café des Aveugles ses amis  Gautier, Dumas, Petrus Borel et  Arsène Houssaye   pour dîner. Nous avons parlé d’Hugo et de la bataille d’Hernani. 
Nous avons fini la soirée à deux  Rue du Doyenné puis au château des Brouillards à Montmartre. 
Je lui ai dit que je dirais le lendemain  à Jenny Colon tout le bien que je pense de lui ; elle l’aimerait  ainsi comme lui l’aimait. 
Il m’a confié ses  angoisses ; je crois qu’il n’aura finalement  jamais besoin d’aller chez le docteur Blanche. Il a accepté de m’emmener vers l’Allemagne, l’Orient et de m’initier aux secrets alchimiques. Nous irons ensuite en   Belgique, en Hollande, à Londres...       
Je veux essayer de lui donner l’équilibre d’une amitié sincère et peut-être m’aidera t-il un peu à me faire connaître, lui qui a tant de relations… Je serais la première et la meilleure lectrice des « Filles de feu » d’ « Aurélia ou le rêve et la vie. »  
Il a évoqué ses « Chimères » mais grâce à moi, il choisira  la vie. Je n’aurais pas à aller fleurir sa  tombe, ni à me recueillir où il s’est pendu. Il ne sera plus « le  ténébreux, - le veuf, - l’inconsolé » mais un homme aimé par une femme et convoité par d’autres. 
 
Nous bâtirons ensemble des « Petits châteaux de Bohème .»

 

 

Le blog de Laura Vanel-Coytte
 

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 15:16

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

"J'avais atteint l'âge de mille kilomètres": un de mes amants d'un soir ou plus
Avait trouvé cette formule pour me définir comme personnage d'un de ses romans
C'était un peu délicat que: "Elle a des kilomètres au compteur" ou "des heures de vol"
Que j'entendais dire derrière mon dos que j'aimais dénuder d'un air de dire: "Le chien
Aboie, la caravane passe." Certains  qui en avaient  pourtant profité, murmuraient 
Qu'il n'y avait que le train qui ne m'était passé dessus....
C'est dommage car j'aimais les trains: les attendre, les regarder, partir, revenir
Y caresser, y faire l'amour même; plus confortable que la plupart des voitures
 
J'avais atteint l'âge de mille kilomètres...

 

 

Le blog de Laura Vanel-Coytte
 

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 14:54

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

- « Ça a débuté comme ça » oui et alors, qu'est-ce que j'en sais ? Je n'étais pas née, je ne peux rien vous dire à ce sujet.

- Vous auriez pu lire le roman duquel est tirée cette phrase et nous raconter.

- C'est qui l'auteur ?

- Louis Ferdinand Céline.

- Ah ! J'ai entendu parler de lui mais je n'ai rien lu de ses œuvres.

- C'est bien pour cela que vous êtes jugée aujourd'hui, vous êtes d'une inculture crasse.

- Inculture crasse ? Sachez, Monsieur le Juge, que je me lave de la tête aux pieds tous les jours.

- Excusez-moi, j'ai été peut-être un peu trop fort sur le mot crasse mais cela n'empêche que vous ne lisez pas et ne connaissez pas vos classiques.

- Là encore, Monsieur le Juge, vous êtes injuste ! Je lis tous les soirs avant de me coucher. En ce moment c'est « Dôme » de Stéphen King. Pas mal ce roman…

- Ce n'est pas un classique.

- Non, c'est vrai mais j'ai dévoré quelques romans de Hugo, Zola, Maupassant… j'ai même essayé Proust mais je me suis arrêtée à la fin de la première phrase car j'étais perdue. Que je sache, ce sont bien des classiques, n'est-ce pas ?

- Oui, mais vous n'avez pas lu « Voyage au bout de la nuit »

- Parce que je ne l’ai pas lu, cela fait-il de moi une criminelle condamnée à la perpétuité ?

- Euh ! Non, je n’irais pas jusque-là, mais...

- Mais punie quand même ?

- C'est à voir !

- A voir quoi ? Je peux vous donner des preuves, Monsieur le Juge, de ce que j'ai lu comme classiques.

- Bon puisque c'est ainsi vous êtes acquittée mais songez quand même à lire « Voyage au bout de la nuit »

 - Merci de votre mansuétude, Monsieur le Juge.

 

Le blog d'Aimela 

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 14:50

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Henri jeta un dernier regard sur le ciel: un cristal noir. La métaphore était heureuse, il faudrait qu'il la note sur son carnet.
Mais il ne vit pas tout de suite l'étoile qui venait de choir in extremis  sur son store aux couleurs bleu et or du palace dont il occupait une suite au 5ème étage et je dus signaler ma présence au moment où il s'apprêtait à actionner la commande pour le baisser.
-Yep mon prince! un p'tit coup d'main, siouplaît!
Il mit quelques secondes avant de se rendre
compte que la voix ne venait pas des cieux comme il l'imagina à priori (Henri est très pieux) mais de la toile qui le protégeait du soleil ou de la lune, selon l'heure.
-Si sa majesté pouvait donner un coup de canif dans la toile afin que je puisse m'extirper de cette embarrassante position...Insistai-je dans son jargon de façon à ce qu'il accélère mon sauvetage.
Oui, je sais, dix minutes plus tôt je venais de sauter par la fenêtre des appartements de la vicomtesse je n'sais quoi après avoir surpris Chéri en train de lui rouler un patin on ne peut plus langoureux. Une vieille d'au moins 30 ans en plus, il était pas dégoûté, Chéri! Ils étaient tellement concentrés qu'ils ne m'ont même pas vue traverser la pièce comme une furie, la faute aux tapis épais qui absorbent tous les bruits aussi, faut reconnaitre. Bref, souvent femme varie et pendant ma chute, j'ai eu le temps de me dire qu'un Chéri de perdu, dix de retrouvés et puis ma m'man me disait toujours qu'un homme ne valait pas la peine qu'on pleure pour lui. Alors à fortiori et en y repensant le temps de mon vol plané, j'ai songé qu'il ne valait pas non plus la peine que j'aille me crasher en bas dans les massifs de rhododendrons, tout roses soient-ils.
-Un canif? Hum, eh bien je n'ai pas cet objet en ma possession, ma chère...Supposez-vous qu'éventuellement le couteau de chasse qui me fut offert par mon père Charles-Henri  duc de Winchurch et prince par l'alliance avec la branche russe ...
-Parfait monseigneur, grouillez-vous, je gliiiissssse!
-Ne pensez-vous pas cependant qu'il serait plus opportun d'alerter les pompiers et...
-Surtout pas son éminence, je souhaiterais figurez-vous, me sortir de cette impasse dans la plus grande discrétion... et le plus rapidement possible!
Je pus enfin me faufiler par l'échancrure du store qu'il entailla d'un seul geste noble et viril  et tandis que je m'affalais sans élégance aucune sur le sol de la terrasse, j'eus une pensée pour le gibier peut-être sacrifié par la lame affûtée. 
-Have a cup of tea? Fit l'autre le regard frisant sur mon costume de soubrette et la quincaille entortillée autour de mon cou qu'une demi-heure auparavant j'avais habilement soustraite du coffre à bijoux de la douairière du 6ème et que j'avais oubliée dans mon désespoir amoureux.
-Non my Lord, tankiou, par contre cela serait-il un effet de votre bonté que de me prêter des fringues, comme sa majesté peut voir, ma jupette est craquée..
-Des fringues...répéta t-il dubitatif...La lumière monta soudain jusqu'aux tréfonds de son cerveau devant ma mine dépitée, il m'emmena dans le dressing de la princesse, une pièce entièrement consacrées aux nippes et aux croquenots de la belle. Il me tendit des robes en soie sauvage, des corsages lamés et toutes sortes de pièces qui me faisaient tordre de rire rien qu'à la pensée de les porter. Je choisis finalement la "petite robe noire qui va bien partout" et lâchais furtivement la joaillerie qui me pesait sur la nuque dans une boîte à chaussures.
Ma compagnie plaisait au lord et avant la fin de la soirée la petite robe noire qui va bien partout valsa sur un bras de fauteuil tapissé de velours cramoisi.
Le lord était tombé amoureux et moi, Félicie...aussi.
La nouvelle qui tomba dans les journaux quelques temps plus tard fit scandale dans les beaux quartiers. Henri le duc de et prince par alliance avec quittait sa vieille princesse pour aller s'installer dans un pavillon de banlieue en compagnie d'une domestique, tandis que la princesse du fond de sa geôle criait en vain son innocence, après la découverte de très beaux cailloux planqués dans une de ses innombrables boîtes à chaussures.
Naturellement nous eûmes beaucoup d' enfants: Jules et Jim les jumeaux et Angélique la fille. Sans oublier,  tournant indéfiniment dans son bocal, Chéri, notre poisson rouge.

 

 

Le blog d'Almanito

11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 14:45

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

 

"J'avais atteint l'âge de mille kilomètres" cette phrase lue sur Mil et une m'intriguait et me torturait l'esprit ce qui m'empêcha de dormir faisant des calculs abracadabrants sur mon âge en années.

 

Cela donne à peu près ceci :

Si je fais environ vingt kilomètres par jour, combien de temps me faut-il pour parvenir aux mille, sachant que je ne les fais pratiquement jamais à pied, à moins que cela soit en bus ou en voiture ?  Est-ce que je suis âgée de mille et si pas, j'en suis à combien de distance ? Faut-il compter les jours où je n'en fais pas un seul et ceux où j'en fais bien plus ? On dit que vingt est une moyenne et que l'on multiplie par... Par combien ? Voilà que mon cerveau se met à chauffer voire être au bord de l'explosion. Si au moins j'avais lu "Le monde inverti" de Christophe Priest, j'aurais pu me faire une idée mais j'ignore si le romancier parle d'humains, d'animaux ou de machines. Et si c'était des machines ont-elles un temps en distance ? Et voilà que cela recommence, même assise devant mon ordinateur, cette phrase me turlupine.

Bon, ce matin, il fait beau, je vais aller à la cabine aux livres sur la plage et emprunter le bouquin sinon, je vais devenir folle.

Arrivée sur la plage, je vois des tables et des chaises où sont installés des lecteurs au bord d'une cabine bleue. Je m'approche et demande le fameux bouquin.

- Désolée, madame, nous n'avons pas ce livre, vous savez ce n'est qu'une petite bibliothèque alors nous n'avons pas beaucoup de choix mais je peux vous prêter "La liste de mes envies" de Grégoire Delacourt.

- Non, merci bien, je connais. J'ai lu ce roman et j'ai rencontré l'auteur. Nous avons beaucoup discuté lors d'un pique-nique organisé avec un groupe dans un parc de Caen. Il est très sympathique ce monsieur. Bon, ben tant pis, au revoir madame.

Je retourne chez moi, fouille mes cartons de livres, trouve "La liste de mes envies" et cherche la phrase de l'incipit "On se ment toujours" dans le roman. Cela gommera peut-être de ma cervelle l'histoire des âges et des kilomètres.
 

 

Le blog d'Aimela 

10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 13:29

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Ils étaient une vingtaine...

Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

On  referme  aussi la porte vers un autre monde.

On quitte ses personnages, leurs vies et des paysages.

On referme un livre pour retrouver sa vie propre.

 

Si on lit un polar sanglant à l'intrigue terrifiante,

On est content de retrouver sa vie trop calme.

Si on lit un essai ou un splendide livre d'art,

On a envie d'aller plus loin  et dans les musées.

 

Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

On tourne une page de sa vie, une autre aventure

Commence: vers d'autres chemins et livres:

Un approfondissement, des contradictions.

 

Si on lit la presse, on  réfléchit, on s'inquiète

Surtout, on ouvre les yeux, on s'informe.

On travaille notre curiosité, on referme

La porte de nos rejets et nos ignorances.

 

Que se passe-t-il quand on referme un livre ?

On ouvre d'autres livres, on pleure

De quitter un paysage pour sourire

Ensuite de savoir qu'il y en a tant d'autres.

 

 

Le blog de Laura Vanel-Coytte

10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 13:29

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Fernault eut vite fait
 
De comprendre ce qu'elle voulait
 
C'était loin d'être abstrait
 
Un homme apparaît
 
Et Cannelle agissait
 
Mettant en avant ses attraits
 
Et l'homme s'y complait
 
Sans plaisir contrefait
 
Fernault ne dérogeait
 
Pas à ce schéma concret
 
Vite entre eux, le désir naît
 
Il la basculait
 
La caressait
 
L'embrassait
 
Le moment est parfait
 
Conforme à ses souhaits
 
Ce que Cannelle voulait
 
Cannelle l'obtenait.
 
 
Le blog de Laura Vanel-Coytte
10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 13:23

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Trois morts, c'est exact, dit Danglard...
Je lis des polars depuis mon adolescence, il y a vingt-ans donc environ: à cette époque, ce penchant était incompris et mis de côté par ma famille.  J'empruntais des polars à la bibliothèque municipale et j'en achetais presque en cachette chez le bouquiniste. A l'époque, j'ai lu tous les grands classiques américains (Hammet, Goodis, Chandler etc.), anglais(Christie, Carr, Conan Doyle etc.), belge (Simenon). Dans les librairies, les polars étaient loin d'avoir la même place qu'aujourd'hui où ils sont devenus un genre à la mode loin de sa mauvaise réputation d'alors... celle qui m'a peut-être attirée d'ailleurs. J'au lu beaucoup de polars depuis vingt cinq ans mais je ne m'en lasse pas. Quoique  je lise la journée  :en tant que  documentaliste dans deux lycées professionnels, la presse(que je dévore depuis vingt cinq ans aussi), la littérature du dix-neuvième siècle (pour mon DEA de lettres par correspondance), les livres d'art (en majorité aujourd'hui), je lis le soir dans mon lit des polars: des nouveautés (surtout grâce à la médiathèque), des œuvres d'auteurs que je suis :Ruth Rendell, Elisabeth Gorge,Donna Leon, Andrea Camilleri. Quelquefois les polars allient ma passion du polar et de Venise, de l'art, de l'esotérisme etc. Parfois, je les trouve un peu sommairement écrits  mais je l'avoue, si l'intrigue est bien menée, je me laisse emporter. Je découvre rarement la solution avant la fin. Pour tout dire, ça m'est un peu égal. Ce qui me plait, c'est l'aspect psychologique et l'angoisse que l'auteur distille. Ceci dit, je ne dédaigne pas l'aspect policier/ justice des polars, bien au contraire. Je dis tout bas-mais je le dis- que les policiers populaires comme Navarro ou les Higgins Clark me plaisent. Ca me faire surtout qu'un genre qu'on pointait honteusement du doigt avec ses lecteurs ait envahi les rayons des libraires et les antennes des télés. Loin des détectives privés avec leurs poules, il y a maintenant des polars à l'eau de rose mais j'ai délaissé ce genre il y a vingt -cinq ans.
 
 
 
Le blog de Laura Vanel-Coytte
10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 13:16

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

Un homme est assis, seul dans une caverne.

Il lit même si la pierre est inconfortable sous ses fesses et pour son dos usé.

Il lit même si l'humidité ambiante gagne ses os mangés par l'arthrose.

Il lit parce qu'il a toujours lu partout, toujours, n'importe où et presque n'importe quand.

Il lit parce que c'est un moyen de connaître cette caverne et d'en sortir

Il lit parce qu'il veut savoir toujours, comprendre encore, le monde

Il ne lit pas pour s'évader mais pour être plus lui-même, dans cette caverne.

Il lit parce qu'il aime être seul, il ne fuit pas la solitude, il la goûte

Comme un état choisi et non subi, un moyen d'être mieux au monde et aux autres.

Quand le livre est fini, il le pose sur la pierre humide parce que les mots

Sont plus sacrés que l'objet qui le porte: il le respecte mais l'annote et le plie.

Quand le livre est fini, il prie parce que dieu est un comme un cierge

Luisant dans l'obscurité d'une caverne-église: il prie avec des mots appris.

Quand sa prière est finie, il  regarde les traces laissées par d'autres hommes

Avant lui: les peintures rupestres, les couleurs du temps, l'usure des mains.

 

 

Le blog de Laura Vanel-Coytte

9 juillet 2018 1 09 /07 /juillet /2018 08:39

sujet 25/2018, 1er jeu de l'été, incipit - clic

On se ment toujours

 

Pour se supporter

 

On se ment tous les jours

 

Pour supporter la vie

 

On se ment tout le jour

 

Pour supporter autrui

 

                                On se ment le jour

 

                                Mais lorsque vient la nuit

 

                                La vérité éclate

 

                                Comme un fruit pourri

 

                                 Elle sent fort

                               

                                 Et on ne peut l'occulter

                               

                                 La cacher sous le tapis.

                               

                                 On ne peut se mentir la nuit.

 

 

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