sujet 34/2018 - clic
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En ce temps-là, Qi-Shi-Tsu n’était pas un personnage inventé par un humoriste rondelet aux fossettes enfantines et au tableau d’école suranné*. Non, il existait vraiment et vivait dans les contrées reculées de Shi-Ott, là où il pleut 320 jours par an, mais où le soleil sèche instantanément les ondées et les trombes d’eau quasi continues. Qi-Shi-Tsu, qui s’ennuyait beaucoup, eut l’idée un jour de fabriquer une machine apte à réguler la météo et à bloquer si possible la pluie qui ne cessait de tomber. C’était une sorte de machine infernale faite de divers rouages s’imbriquant les uns dans les autres et produisant à chaque engrenage une mélodie grinçante, certes, mais aussi enrobée de magie et de maternelle chaleur. C’est du moins ce qu’il prétendait.
Le premier jour, pas très sûr du résultat, il décida de le tester sur son chien Krot-Mol, qui était très sensible aux ultrasons. Mais le pauvre animal, épouvanté par la hauteur des sons émis, s’enfuit à toutes jambes et ne revint plus jamais au bercail.
Après quelques réglages, Qi-Shi-Tsu reprit espoir et sortit l’engin dans la cour, à l’ombre d’un palétuvier de 4 ans. C’est ce que lui avait recommandé le Grand Sage consulté la veille. Le résultat serait stupéfiant, surtout si en même temps, il passait en boucle sur son Té-Paz la chanson de Pauline Carton et de René Koval : sous les palétuviers. clic
S’étant mis en quête d’un marchand qui possèderait ce trésor, QST arriva à la ville de Ki-Arroz après 62 jours de marche, tout essoufflé et avec 4 ampoules à chaque pied. Malheureusement, le disquaire avait vendu le dernier exemplaire la veille et QST revint bredouille au bout de 124 jours. Mais il gardait espoir. Il avait eu l‘astuce de mémoriser la chanson qu’il chantonna tout au long du trajet de retour pour se donner du courage et surtout pour ne pas en perdre les paroles : Ah ! sous les pa pa pa, sous les pa, les létu, sous les palétuviers ...
QST ressortit du grenier son habile montage et décida, sur les conseils du Grand Sage, de l’installer sous l’Arbre Sacré de la cour. Mais il n’en eut pas le temps, car une énorme averse s’abattit soudainement sur lui et le transperça de la tête jusqu’aux pieds. Affaibli par son long voyage, il n’eut de recours, pour sa survie, que de se mettre au lit, où il demeura pendant plus de 40 jours.
Qi-Shi-Tsu eut du mal à s’en remettre, et lorsqu’il fut guéri, on s’aperçut que sa mémoire avait faibli, la preuve, il ne se souvenait plus pourquoi il avait construit son instrument. Il en fit le don à un scientifique du village qui le dota d’un mécanisme génial destiné à prévoir les averses (mais non à les supprimer).
On l’installa sous le palétuvier de la grande place, pour le plus grand bonheur des habitants. Entre temps, une campagne participative lancée sur Internet pour financer la sonorisation de l’engin permit à tous d’entendre à chaque alerte la magnifique chanson qui fit la renommée de tout le village :
Ah ! Sous les pa pa pa, sous les pa, les létu, sous les palétuviers ...
*Thierry Rocher dans La revue de Presse , émission transmise tous les 15 jours sur une chaîne française cablée
Le blog de Cloclo
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Rouets et rouages,
Harmonies des engrenages,
A l'infini, tissent la dentelle
Du temps qui file.
Le blog de JaclynO'léum
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Je venais de copier 100 fois « Le rapport de transmission est le produit des nombres de dents des roues menantes divisé par celui des roues menées » quand le prof est revenu, ce prof de technologie qu'on surnommait 'Vice sans fin'.
Il faut dire que je l'avais cherché quand il m'avait interrogé sur la crémaillère, j'avais raconté la teuf qu'on avait faite dans le nouvel appart de ma nana.
J'entends encore son rire chevalin et je revois sa denture à chevrons due sans doute à son amour exagéré des Citroën !
En voulant jouer au plus malin j'avais mis le doigt dans l'engrenage et hypothéqué mes chances à l'examen d'autant plus que le sujet portait sur les moulins à vent !
Pour moi qui roupillait au dernier rang, un Pignon c'était un con qu'on invitait dans un dîner pour se foutre de sa gueule, alors les moulins avant...
Les moulins avant c'était comment ?
J'ai repensé à Don Quichotte, brodé un truc sur sa meuf Dulcinée Sancho Panza mais rien sur les rouets, les alluchons, la lanterne et le hérisson, des mots moyenâgeux qu'utilisaient les meuniers Tudor, la gueule enfarinée et un bonnet de nuit sur la tête ; enfin c'est comme ça que je les voyais.
J'avais prié pour tirer un sujet sur l'arbre à came, j'aurais pu sortir ma science sur les drogues douces mais non... comment pouvais-je savoir combien de coups de pédales avait donné Virenque pour monter le Mont Ventoux soit 21 km en 2002 avec un rapport de 34/25, sachant qu'il avait eu 3 sauts de chaîne de 2 secondes chacun et un pneu dégonflé au 18ème kilomètre ?
Je sais, j'aurais dû faire profil bas avec mon prof, mettre de l'huile dans les rouages mais quand on a une dent contre quelqu'un...
Le blog de Vegas sur sarthe
sujet 34/2018 - clic
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Je me souviens que la petite rivière (qui devait se jeter dans l’Aube) qui passait par là était colorée par les rejets des teintureries voisines. J’ai connu plus tard certains de leurs cadres.
Aujourd’hui, l’eau est pure et limpide et il n’y a quasiment plus de teintureries. Heureusement que les cadres sont maintenant en retraite.
Avec toi, j’ai connu beaucoup d’usines. Comme toi, je les ai toutes aimées comme j’aimais celles de mon paysage d’enfance.
Toute la France en était truffée. Nous en avons connu beaucoup juste avant qu’elles ferment. Les habitants du centre ne sont plus gênés par leurs bruits qui se sont déplacés en périphérie ou ont disparus avec derrière eux des visages d’employés qui ont vu leur vie s’effacer avec des murs et des machines.
Avec toi, j’ai appris le fonctionnement des machines, des centrales d’épuration, des rouages, tout ce qui pour moi était du chinois.
Je savais que le nucléaire était une énergie très peu polluante mais tu m’as expliqué qu’il y avait des tours de refroidissement aussi dans les centrales thermiques.
Tu m’as appris les différentes sortes de barrages dont j’aimais déjà la trace dans les paysages
Le blog de Laura Vanel-Coytte
sujet 34/2018 - clic
J’ai toujours été fasciné par les rouages
S’imbriquer ainsi et tourner
Ne jamais dérailler tourner
Toujours dans le bon sens tourner
Ne pas s’arrêter, tourner
Tourner ainsi pour faire quoi
Rien, juste tourner
Tourner le dos à la droite à la gauche
Tourner les roues
De la fortune
Du hasard
Regarder tourner la roue
Ne pas importuner Fortuna
Tout faire pour qu’elle reste de bonne humeur
J’ai de la chance je crois
Ma roue n’a jamais eu la grippe
Une roue grippée
Et c’est la catastrophe
Tout s’écroule
Chaque engrenage tombe en malchance
Pour que tout baigne
Il faut de l’huile
Mettre de l’huile
Mettre de l’huile dans les rouages
Permet au mouvement de se la couler douce
De tourner dans la bonne direction
Ne pas s’affronter
Pour que la planète tourne encore
Il faut que les rouages chinois russes européens africains américains…
Soient bien huilés
L’huile du régime crétois est la meilleure
Elle donne force et longévité
Fortuna peut remballer son matériel
Les rouages du destin de la terre
Ont trouvé les couleurs du bonheur
Couleurs rasta
Et en plus le bleu le gris le violet le marron
Pour faire moins fanfaron
Voilà pourquoi le petit prince est arrivé
Sa mission penser chaque rentrée à mettre de l’huile...
« Mets de l'huile petit homme dans la vie, il faut que ça glisse
De l'huile petit homme, écoute, écoute
Mets de l'huile petit homme dans la vie, il faut que ça glisse »
(clic)
Le blog de Jamadrou
sujet 34/2018 - clic
Lorsqu’il naquit, ce beau bébé en parfaite santé était roux. Bien que surpris, tous les membres de la famille élargie s’accordèrent à reconnaître que ce petit minois parsemé de jolies tâches de rousseur et cette tignasse improbable d’une couleur hors du commun se mariaient bigrement bien avec les grands yeux noirs en amande du nourrisson…
Surprise générale en effet car, aussi loin que puissent remonter les recherches généalogiques, tous les ancêtres étaient chinois. Ainsi commence l’aventure de Roux Lee que ses parents nommèrent ainsi pour tenir compte de sa particularité.
Mais l’histoire de Roux Lee devait connaître bien des péripéties…
A peine avait-il ouvert les yeux sur le vaste monde que le taxi qui le ramenait de la maternité dans les bras de sa mère perdit une roue.
A l’école élémentaire, alors que tous ses camarades de classe y parvenaient, notre petit chinois ne savait pas faire la roue.
Il eut tardivement la rougeole et se fractura un doigt en tirant un verrou.
A l’université, il se laissa pousser des rouflaquettes pour séduire une jeune roumaine qu’il épousa dans la foulée.
Le jeune couple s’installa au Pérou mais, très vite, la routine s’installa… Alors, Roux Lee qui avait hérité de ses ancêtres sagesse et détermination décida de tout tenter pour sauver ce bien précieux qu’est l’amour. Il prit une roue de taxi, des boutons de rougeole, un verrou et des rouflaquettes et les imbriqua tous dans un savant montage. Étant enfin parvenu à faire la roue, il fit une suite impressionnante de figures autour de son montage dont il actionna les rouages en invoquant des divinités tour à tour chinoises, roumaines et irlandaises : « Par Rouletabille, Rougeoyante, Rouspéteur, Courroux, Roublard et Roudoudou, faites que nous soyons heureux et que nous ayons beaucoup d’enfants, comme dans les contes d’antan ! »
Il faut croire que cela marcha car Roux Lee sauva son couple et devint à son tour papa d’adorables bambins roux aux yeux noirs en amande. Au fait, j’oubliais, l’heureuse épouse et mère se prénommait Frou-Frou et savait faire la roue. Ce qui change tout.
Marie-Clotilde Paillasson
sujet 34/2018 - clic
source image : Wikipédia
Le mot à insérer facultativement est : CHINOIS
Les textes, avec titre et signature, sont à envoyer à notre adresse : les40voleurs(at)laposte.net
Mode de fonctionnement du blog : clic
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Bonne semaine,
Mil et une
sujet 33/2018 - clic
Deux amies …
- Beau, M ? Non mais tu rigoles, t’as vu sa dégaine ?
- Mais non, pas lui, Bo !
- Quoi, Bo ?
- Ben, Bo aime !
- Hein ? qu’est-ce que t’es en train de me dire, là ? Bo est amoureux ???
- Ah ben dis donc, il t’en faut du temps pour comprendre !
- Mais comment ça se fait ?
- Ben, ça lui est tombé dessus tout à coup subitement soudain…
- Ah !
- Et … euh… tu veux pas savoir de qui il est amoureux ?
- Non.
- Ah !
- Non, trois fois non !
- Oui, bon, d’accord, mais pourquoi ?
- Parce que je suis foncièrement jalouse.
- Ah ! Et….. ?
- Et s’il est amoureux d’une autre, il se sentira obligé de me le dire car Bo ni ment, ni triche !
- Boniment ?
- Boni ment ?
- Mais non, pas lui …
- Bon, écoute, fatiguée, là, très fatiguée ! A mener cette vie de bohème toute la semaine, j’ai pas eu le temps de récupérer, je vais me faire une camomille et aller me coucher…
- Et en cas d’insomnie, n’oublie pas de faire une ligne de beaux M sur ton cahier d’écriture dans le courant de la nuit, ça saute moins haut qu’un mouton, un M, mais ça aide à dormir. La preuve : Morphée commence comme Mouton.
Marie-Clotilde Paillasson
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Un pauvre crocrodile se lamentait : Sa tendre et chère avait été captivée et dépecée. Elle avait fini en chaussures et tiroirs de bureau.
Il décida d’aller trouver la justice. Les policiers présents lui rirent au nez.
- « Eh ! Bouffon ! De quelle couleur les tiroirs ? Verts ? »
Les yeux remplis de larmes, il alla trouver la religion.
- « Bonjour mon fils lui dit le prêtre, combien mettras-tu dans ma corbeille pour que je recommande l’âme de ton épouse au Seigneur ? »
De plus en plus triste et décontenancé, le crocodile décida de s’en remettre aux hommes de pouvoir. Un prédateur à deux pattes le fit entrer dans le bureau du ministre de la Santé.
- « Bonjour mon cher concitoyen, que puis-je faire pour vous ? »
Le crocodile lui raconta ses malheurs et le sort horrible que sa chère et tendre avait subi. A la fin de son exposé, le ministre lui répondit :
- « Je vais en référer de ce pas à notre cher Roi qui est très pris en ce moment à cause d’un remaniement ministériel. Mais soyez sûr qu’il va vous répondre rapidement et vous trouver un dédommagement conséquent, par égard à votre chagrin. »
Rassénéré, le crocrodile rentra chez lui. Il guetta le facteur pendant de longs jours. Mais au bout de six mois, il comprit qu’il avait été berné.
Fou de rage, il se dirigea vers la plage. Un groupe de deux pattes devisait gentiment.
Il chercha le plus gros, le plus poilu, le plus idiot de la bande. Un « m’as-tu vu » était en train de raconter ses exploits avec force détails et moulinets dans l’air.
N’écoutant que son courage et malgré son cœur brisé, le crocodile fonça sur le guignol et l’avala tout cru.
D.S
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Mon mari est particulier, charmant mais toujours inventif, créatif, fantaisiste, hyperactif.
Alors que j'étais partie en Sicile un mois durant, pour faire une étude sur les volcans, particulièrement sur les éruptions du Tromboli, il me dit au téléphone "Ne t'inquiète pas Chouchou, je vais m'occuper, en faisant quelques travaux dans la maison en t'attendant". Justement c'est bien cela qui inquiétait ! Il avait déjà massacré le jardin potager, repeint en vert basque la baignoire de sa mère, repeint aussi les volets de sa maison de couleur différente sur chaque ensemble.
Dès mon retour, il m’annonça "tu vas être surprise, j'ai bien travaillé, c'est chouette ! Chut..." Et l’œil rieur et satisfait, il amorça le virage qui nous emmenait chez nous.
Cérémonial dès l'entrée, "ferme les yeux chérie" et avance vers le séjour". Le séjour, 50 m2, déco ultra moderne, un havre de paix. "Ouvre les yeux !" "My god ! Mieux vaut voir ça qu'être aveugle !" "ça te plait ?" Connaissant son hyper susceptibilité, je m'empressais de formuler un timide "c'est original". Il rebondit avec un "t'aime pas ?" Je l'assurais que si, bien sûr, j'aimais, mais qu'il faudrait que je m'habitue, ça fonçait un peu la pièce, tous ces carreaux colorés en marron et bleu, certes avec un joli rappel de doré. Rassuré, il m'annonça un apéro au champagne pour fêter mon retour, et le nouveau look de notre maison. J'étais catastrophée, je demandais d'une voix épuisée "tu as fait d'autres pièces dans ce style ?", "non, j'ai pas eu le temps, mais si tu veux je m'y remets dès la semaine prochaine". Je questionnais alors sur l'utilité des boutons qui ornaient ça et là plusieurs carreaux, il me répondit que c'était pour valoriser l'ensemble, "car il faut éviter la monotonie dans un décor en le ponctuant diversement". Après le 4e verre de champagne, raz bord chaque verre, j'ai osé faire remarquer qu'avec toutes ces petites fleurs et petits ronds colorés, ça n'était pas vraiment monotone. Il me répliqua vivement que c'était pour "approcher le décor Marocain". "Ah !" me dis-je en plaignant illico les habitants du Maroc. Je passais une nuit atroce, des monstres marrons et bleus tentaient de m'étouffer, j'avais une crise d'hypertension. Je lui fis remarquer le lendemain matin, qu'il y avait des taches ici et là, "on dirait des chats, tu sais bien que je suis allergique aux chats". Il en convint et me promit de chercher une solution. Lors du divorce, il se plaignit au juge de mes exigences constantes, de mon mécontentement permanent, alors qu'il se donnait un "mal fou" pour me rendre la vie amusante.
J'ai accepté sans problème qu'il conserve la maison.
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S'il en est qui changent souvent de secrétaire – à l'instar du businessman de Starmania – pour moi c'était le premier et je ne voulais pas me tromper.
On confie suffisamment de secrets à celui-ci pour ne pas vouloir les partager avec le premier venu.
Les yeux brillants de passion, le vendeur passa une main experte sur l'un des nombreux tiroirs de l'objet en question.
Il avait pourtant dû en caresser des essences de bois dans sa carrière mais il y prenait un plaisir non feint...
Derrière la petite façade de bois exotique je crus percevoir des cris aigus et courts comme ceux que pousse la tortue Eretmochelys imbricata qu'on appelle communément caret et que j'imaginais plutôt dans les eaux chaudes d'un lagon que dans les sombres officines d'antiquaires.
Il me sembla même que les écailles prisonnières du bois s'animaient sous la caresse du boutiquier.
Il ouvrit ensuite un second tiroir, laissant échapper d'autres bruits incongrus, mélange de barrissements d'éléphant et de cris de morse et de rhinocéros ; il le referma en soupirant et dit pour tenter de me rassurer : »Vous verrez, vous vous habituerez avec le temps»
Le tiroir suivant incrusté d'ivoire fossile s'ouvrit tel une gueule de mammouth avec un fort accent sibérien et si je ne comprenais pas les mots, j'en devinais le message.
Plus discret, le tiroir suivant s'offrit silencieusement mais l'odeur du corozo, de l’ivoire végétal arraché au palmier à ivoire Phytelephas qui pousse dans les forêts amazoniennes ne m'échappa pas. Le vendeur résigné se pinça le nez en refermant la case odorante.
Puis ce fut le tour d'un tiroir criard et exubérant, orné d'os du casque corné d'un pauvre cacatoès indonésien que le vendeur eut toutes les peines du monde à refermer. Il transpirait abondamment – le vendeur, pas le cacatoès – voyant s'éloigner ses chances de se débarrasser de son exotique et non moins récalcitrant secrétaire.
Si les deux tiroirs suivants – plus banals que banaux – étaient ornés d'os de bœuf et de mouton, les derniers plus sauvages à l'ouverture sentaient le cervidé, la corne de cerf ou de chevreuil.
L'antiquaire les referma d'une pichenette dédaigneuse pour s'intéresser à ce qu'il me présenta comme la perle des tiroirs, un décor de nacre issu d'huîtres perlières alternant avec le troca, escargot de mer polynésien économiquement plus avantageux.
Si l'antiquaire enlacé au secrétaire jouissait en silence, je n'osais lever les yeux sur le dernier tiroir, un joyau incrusté de corail extorqué clandestinement aux mers chaudes de Chine, d'Indonésie ou de Méditerranée selon la bonne fortune de son prédateur.
Je me reculai pour apprécier ce qui allait devenir mon secrétaire pour la vie et je réalisai que c'était lui qui m'observait. Il s'en dégageait une respiration, un halètement, un concert de plaintes muselées aux accents à la fois bovin, caprin, ovin, marin, sous-marin et antédiluvien qui me donna la nausée.
Je ne sais pas ce qui m'a pris de demander : »Savez-vous s'il y a un IKEA dans le coin ? »
Le blog de Vegas sur sarthe
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Quand j'avais trois ans, j'ai dit: "Quand je serai grande, je serai une chimère, cette créature fantastique avec une tête de lion, un corps de chèvre et une queue de serpent, qui crache le feu et dévore les humains. En fait, ce n’était pas tant à cause de son corps ou de ses pouvoirs maléfiques mais plutôt à cause de mon grand-père Gérard de Nerval, célèbre notamment pour ses « Chimères. » -Mais, Gérard de Nerval ne peut pas être votre grand-père puisqu’il n’a pas eu d’enfant ? Et donc encore moins de petit enfant. On dit même qu’il n’a connu aucune femme(bibliquement). - « On » est un imbécile et n’était pas là pour « tenir la chandelle » lorsque mon grand-père était avec Jenny Colon ou Adrienne. J’ajouterais que c’est mon rêve et que j’ai le droit de rêver à ce que je veux. - N’est-ce pas révélateur que la chimère soit aussi dans le langage courant une illusion ? - Je me fais peut-être des illusions mais, même si Gérard de Nerval n’est pas mon grand-père biologique, il est au moins « mon grand-père d’âme… » J’aurais aimé être sa petite-« fille du feu » et traverser avec lui « la porte d’ivoire ou de corne » qui sépare le monde réel du monde imaginaire et irréel, l’aider à maîtriser « l’épanchement du songe dans la vie réelle » qu’il a connu avec « Aurélia. » Ainsi, j’aurais pu partir avec lui et un écritoire pour le « Voyage en Orient » en passant par l’Allemagne et rencontrer sa « Lorely. » Il m’aurait fait découvrir « La Bohème galante » (N’allez pas me dire que ce titre est celui d’un puceau ?…) J’aurais visité avec lui les « Petits châteaux de Bohème. » Il m’aurait chanté des « Odelettes » dans « Une allée du Luxembourg. » Nous aurions monté ensemble « L’Imagier de Haarlem », « L’Alchimiste » ou « Léo Burckart. » J’aurais été auprès de lui quand il traduisait le « Faust » de Goethe ou « Poésies allemandes. » Comme mon « grand-père d’âme, je me suis intéressée aux « Illuminés, » aux sciences occultes et à la théosophie. J’ai fait mienne la théorie des « Correspondances. » J’ai tenté de transformer mon feu destructeur pour le transformer en « Alizée. » La part de moi qui est devenue chimère vous salue.
Le blog de Laura Vanel-Coytte
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Le blog de Jamadrou
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Ma darling,
J'ai enfin... UN secrétaire !
Je puis vous le dire, ce n'est pas un secret...
Un secrétaire, dites-vous...
Est-il charmant, au moins... ?
Comme un anglais...
Il a de l'âge, et de l'élégance...
Son habillage date,
Mais il a su me plaire...
Oh savez-vous, l'habit ne fait pas le moine !
Certes !
Pour certaines il ferait bohème...
L'important, son e ffi ca ci té !
Il l'est, comme le meuble à tiroirs...
J'ai hâte de faire sa connaissance, chère amie...
Oh pour me le piquer, il l'est déjà, aux vers !
Ah vous et votre humour ! Hi hi hi...
Passez donc prendre le thé
Un de ces five o'clock ma darling...
Volontiers !
Mon secrétaire est si laid
Que je n'ai su en faire mon amant, entre nous...
J'imagine déjà le vôtre, si glamour...
Peut-être pourrais-je vous le... « racheter » !?
Pour faire la chose, dessus, moui, mais avec !?
Ah vous et votre humour, hi hi hi...
Le blog de jill bill